Chronique de réparation : baladeur cassette Walkman SONY WM-FX16

Walkman Sony démonté

Mon père était un fan absolu de musique, il en écoutait partout, tout le temps. Dans sa jeunesse, il ne roulait pas sur l’or mais ses dépenses les plus folles il les consacrait à la musique. À l’époque il avait payé l’équivalent d’un mois de son salaire pour s’offrir ce baladeur radio/cassette sorti par Sony au début des années 90 : le WM-FX16.

Ce baladeur est resté depuis dans la famille et une tante à qui il l’avait offert l’a utilisé très régulièrement jusqu’à récemment. Presque 30 ans d’utilisation. Pour un seul appareil !

Nous autres nés dans les années 90 n’avons pas beaucoup d’exemples d’appareils électroniques utilisés pendant 30 ans. J’ai 29 ans et en à peine 20 ans j’ai eu le luxe de posséder 4 ou 5 lecteurs mp3 différents (vous vous souvenez ces lecteurs mp3 ultra cheap du début des années 2000 ?), au moins 3 ou 4 téléphones différents, 3 appareils photo, 2 ordinateurs portables…

Bref, après 30 ans, le walkman avait fait son temps semblait-il : il ne marchait plus. Mais il était hors de question de le jeter, alors je me suis promis d’au moins y jeter un oeil !

Identifier la panne

Pour commencer il fallait essayer d’identifier la panne. Une fois les piles remplacées, la radio semblait fonctionner mais la lecture des cassettes était définitivement HS. La lecture se faisait laborieuse pendant quelques secondes à la pression du bouton “play” puis se stoppait rapidement.

Trouver de la documentation

J’ai d’abord cherché s’il n’y avait pas une page sur le site ifixit.com, une référence en matière de guide de réparation. Rien.

Le site du constructeur permet de trouver un scan de la notice de l’époque mais évidemment il n’y figure aucune instruction de dépannage.

J’ai donc fait ce que je fais pour tout appareil que je répare ou démonte : j’ai tapé “sony walkman FX-16 disassembly” dans Youtube. Il y a quasiment toujours une vidéo, au moins une, de quelqu’un qui a filmé le démontage d’à peu près n’importe quel appareil électronique, c’est assez incroyable d’ailleurs.

Le premier résultat que je consulte me donne un énorme indice sur une panne courante : comme la plupart des vidéos en résultat, la vidéo mentionne le remplacement d’une courroie. Voilà donc peut-être comment réparer le baladeur SONY WM-FX16 : un simple remplacement de courroie en caoutchouc.

Démonter l’appareil

Pour en avoir le cœur net, je pars dans un démontage de l’appareil en suivant pas-à-pas les méthodes adoptées par cet autre bricoleur.

Il faut faire preuve de minutie et de patience; bien souvent avec le temps le plastique devient plus cassant. J’essaie donc de ne pas trop endommager l’appareil pour permettre son remontage en cas de réparation réussie.

Une fois ouvert, le diagnostique est sans équivoque : l’élastique noir qui sert de courroie est totalement usé, détendu et n’a clairement plus la force d’actionner les petits engrenages du mécanisme en plastique.

Remplacer la pièce

Après quelques essais je me rends vite compte que je ne pourrai pas remplacer la courroie par n’importe quel élastique comparable que j’aurais sous la main.

Assez étonnement on trouve sur Amazon des élastiques de remplacement pour ce baladeur. Mais ce serait trop facile : je boycott Amazon. Hors de question par ailleurs de faire venir de Chine un élastique seul, ce serait absurde. La bonne nouvelle c’est que la pièce existe.

Trouver un vendeur

Je finis par tomber sur fixyouraudio.com. Le site est basé en Europe de l’Est et semble dédié à aider les amateurs de son analogique à rallonger la durée de vie de leurs appareils. Parfait ! J’ai du mal à savoir si le site est réellement fiable. Mais leur catalogue est étoffé et au pire, c’est une question de quelques euros.

Je commande donc la pièce (3€90) et 2 semaines plus tard, la courroie est remplacée : l’appareil fonctionne à nouveau ! Quel plaisir !

En conclusion : de l’intérêt de réparer plutôt que racheter

Au final tout cela était-il bien rentable ? Le temps passé à faire des recherches, à essayer de démonter l’appareil, à attendre la pièce de rechange, à tout remonter, à faire des essais… Tout ça pour lire des vieilles cassettes audio ?

Quelle était l’alternative ? J’aurais sans doute pu trouver pour quelques euros un lecteur mp3 en 2 clics sur Amazon qui m’aurait été livré en 2 jours pour remplacer cette antiquité. Mais l’appareil que j’aurais alors acheté aurait très probablement été de bien moins bonne facture et il serait sans doute mort au bout de 2 ans à cause d’un défaut de batterie irréparable.

Notez que c’était par exemple la cause de panne principale des iPods : l’utilisateur ne pouvait pas réparer lui-même, la pièce était introuvable, et son remplacement en magasin était dissuasif, on le jetait et on en achetait un autre (ou pas). C’était d’ailleurs ce qu’avait recommandé Apple quand les critiques avaient affluées. Facile dans ces conditions d’être le baladeur (jetable) le plus vendu au monde.

Si j’avais fait cela ce baladeur à cassettes aurait fini dans une décharge. Pourtant la cassette audio reste un support d’écoute de l’audio d’une qualité incroyable.

Et pourquoi le remplacer si sa fonction (écouter de la musique) allait toujours faire une heureuse ? Et puis la valeur sentimentale est une source de bonheur bien plus pérenne que celui du désir assouvi d’acquérir un objet neuf.

Si j’ai fait cet article c’est pour démontrer que ce n’est au final pas si compliqué de trouver une panne et comment la réparer. Bien trop souvent dans les appareils que nous utilisons, la panne est causée par une pièce vouée à l’usure qui est tout à fait remplaçable; une courroie, une batterie, un ventilateur…

Le soucis vient du fait que pour de nombreux appareils récents les pièces de rechange sont introuvable ou hors de prix et l’appareil est difficile à démonter sans l’endommager. Mais c’est une autre question.
Quoiqu’il en soit, il sera écologiquement et financièrement souvent plus rentable de se creuser la tête pour réparer un objet ancien et bien conçu (en plus à la prochaine panne vous connaitrez déjà l’appareil) que d’en acheter un neuf mais qui promet une moins longue durée de vie et moins d’options de réparation.

À l’avenir je partagerai peut-être d’autres chroniques de réparations passées ou à venir. Pour notre environnement et la préservation des ressources épuisables, la réparation doit devenir la norme, le remplacement une exception, et l’achat neuf doit carrément devenir extraordinaire. N’attendons pas que la loi vienne imposer cela, il pourrait être trop tard quand ça arrivera.